Tribune – Les mesures de soutien aux renouvelables, une vraie bonne nouvelle ?

Tribune – Les mesures de soutien aux renouvelables, une vraie bonne nouvelle ?

Alors que l’objectif français de puissance photovoltaïque de 5 400 mégawatts à l’horizon 2020 a d’ores et déjà été atteint, le gouvernement français a finalement décidé de viser un objectif un peu plus ambitieux, en le fixant désormais à 8 000 mégawatts. Ce relèvement des ambitions françaises intervient simultanément avec d’autres annonces de mesures de soutien aux énergies renouvelables, toutes plus ou moins attendues du fait de l’approche de la COP 21. Dans quelle mesure le secteur des EnR peut-il se réjouir de ces annonces, et en quoi sont-elles susceptibles de déterminer l’avenir du renouvelable en France ?

Elle s’y était engagée au début de l’été et a finalement concrétisé sa promesse : Ségolène Royal a donc doublé le volume de mégawatts photovoltaïques disponibles pour l’appel d’offres du printemps prochain. Ciblant les installations de forte puissance, c’est-à-dire pour des centrales comprises entre 100 et 250 kWc, cet appel d’offres concerne les surfaces de 700 à 2000 mètres carrés. Trop grand pour les particuliers, trop petit pour beaucoup d’entreprises du secteur, ce « format » d’installations photovoltaïques semble cependant parfait pour les agriculteurs et s’inscrire dans une phase de volontarisme vis-à-vis du secteur agricole.

Focus sur les territoires ruraux

Lors de son discours sur la ruralité à Vesoul en Haute-Saône le 14 septembre dernier lors du « Comité Interministériel aux Ruralités », le président François  Hollande a en effet annoncé un effort spécifique du gouvernement en faveur des zones rurales. Sur le fonds d’un montant d’un milliard d’euros accordés aux collectivités locales en 2016, la moitié serait donc spécifiquement dédiée aux zones rurales, à travers une liste de 21 mesures thématiques en faveur des territoires ruraux. Parmi ces différentes mesures, les projets de transition énergétique ne sont pas en reste, ce qui laisse à penser que ce budget 2016 permettrait à la fois aux agriculteurs de bénéficier de mesures de soutien financier, tout en concrétisant une transition énergétique s’appuyant sur des projets locaux et mettant en valeur les territoires.

Pour dynamiser à la fois le secteur renouvelable et le monde agricole, la Ministre Ségolène Royale a quant à elle émis l’idée d’une création d’un lot de 40 mégawatts spécifiquement dédiés aux projets photovoltaïques installés sur des bâtiments agricoles, afin de permettre le développement de davantage de projets. Installer du photovoltaïque sur des bâtiments agricoles, l’idée semble aller de soi tant son intérêt paraît évident : permettre aux agriculteurs de bénéficier d’un complément de revenus pendant 20 ans, tirer profit de toitures inutilisées, faire un pas vers l’autoconsommation, enclencher une transition énergétique réaliste et soutenable financièrement pour une profession fragilisée par la crise économique et la concurrence internationale… La liste est longue, reste à savoir si les mesures annoncées par le gouvernement arriveront effectivement jusqu’aux agriculteurs.

 Le soutien aux renouvelables, un levier éphémère ?

État des lieux : le PV en Allemagne et en Italie 

renouvelables allemagne

 

renouvelables italiesources : https://en.wikipedia.org/wiki/Solar_power_in_Germany et https://en.wikipedia.org/wiki/Solar_power_in_Italy 

Si l’on jette en œil à ce qui s’est passé dans les pays voisins, notamment en Allemagne et en Italie, où l’explosion du photovoltaïque a été nettement plus précoce qu’en France, ces mesures de promotion et de soutien financier aux énergies renouvelables ont avant tout constitué un levier temporaire pour enclencher leur croissance, jusqu’à atteindre leur niveau actuel avec une augmentation plus modérée. Si les différentes mesures que nous venons de lister sont en soi une bonne nouvelles pour le photovoltaïque, il y a donc fort à parier que le gouvernement décidera à un moment de « fermer les vannes » des subventions aux énergies renouvelables, comme l’ont fait ses voisins.

Les aides et mesures actuelles seront-elles d’ici là suffisantes pour assurer aux  acteurs du secteur photovoltaïque une activité assez solide pour résister à la fin des subventions ? Où en sera alors le parc photovoltaïque français ? Ces questions sont loin d’être anodines et ne trouveront de réponses que lorsque le gouvernement français aura pris des positions claires et tranchées vis-à-vis du nucléaire.