Royaume-Uni : la fin des ROCs fait l’effet d’une bombe dans le secteur photovoltaïque

Royaume-Uni : la fin des ROCs fait l’effet d’une bombe dans le secteur photovoltaïque

Le secteur des énergies renouvelables en Grande-Bretagne est comme sonné, après les coupes budgétaires annoncées pour le secteur renouvelable ce mercredi 22 juillet par le Ministère de l’Energie et du Changement Climatique (Department for Energy and Climate Change – DECC). Perçu comme un retour en arrière en faveur du nucléaire, ce changement de paradigme énergétique risque de fortement fragiliser la filière renouvelable britannique. Retour sur ces mesures et leurs conséquences sur le marché photovoltaïque. 

Les rumeurs de coupes budgétaires et de réformes des subventions destinées aux énergies renouvelables avaient commencé à se répandre il y a quelques jours, le gouvernement britannique a finalement confirmé les craintes des professionnels du secteur : après l’arrêt soudain des mesures de soutien à l’éolien, c’est au tour du photovoltaïque britannique de faire les frais des changements de trajectoire énergétique. Les centrales photovoltaïques de moins de 5 MW ne bénéficieront plus du soutien financier de l’Etat qui, via le système des ROCs, avait permis le développement de la filière solaire au Royaume-Uni. Les toitures de plus de 50 kWc sont également visées par cette réforme, qui n’auront désormais plus de garantie d’un tarif d’achat sécurisé.

Suspension du système de ROCs pour les parcs solaires jusqu’à 5 MW

Ce ne sera malheureusement pas un poisson d’avril. À compter du 1er avril 2016, les fermes solaires de 5 MW ne seront plus subventionnées par les ROCs (renewable obligations), et ce un an avant la fin prévue de ce programme d’aides budgétaires. Les développeurs de projets ayant reçu leur accréditation avant le 21 juillet 2015 ou s’étant déjà engagé financièrement dans des projets pourront bénéficier d’une dérogation. Les projets peuvent être développés jusqu’au 31 mars 2017. Cette dérogation est également valable pour les développeurs, qui sont concernés par des retards pour le raccordement imputables à des éléments extérieurs.

La fin du tarif d’achat sécurisé pour les toitures de plus de 50 kWp

D’autres changements ont également été annoncés, notamment la suppression de la pré-accréditation dans le cadre du tarif d’achat pour les installations photovoltaïques de plus de 50 kWc. La pré-accréditation a jusqu’à présent garanti aux porteurs de projets d’obtenir un tarif d’achat sécurisé pour leur centrale PV. Cette modification implique donc que les développeurs et propriétaires de projets sur toiture de plus de 50 kWc n’auront plus de garantie concernant le tarif de rachat de leur production d’électricité.

Des mesures destinées à “protéger les consommateurs”

Ce mercredi, la secrétaire à l’énergie Amber Rudd (parti conservateur) a déclaré que ces changements étaient nécessaires afin d’assurer aux consommateurs britanniques de ne pas avoir à supporter une hausse de leur facture d’électricité. “Mes priorités sont claires, a-t-elle déclaré, nous devons maintenir les factures d’énergie à un niveau aussi bas que possible pour les ménages et les entreprises, tout en réduisant nos émissions de gaz à effet de serre de la façon la plus rentable possible. Elle ajoute : “notre soutien a permis une diminution significative des coûts des énergies renouvelables. Etant donné que les coûts continuent de diminuer, il est de plus en plus facile pour les entreprises du secteur renouvelable de maintenir leur activité sans avoir besoin des subventions étatiques. Il s’agit de mesures vouées à protéger les consommateurs, tout en préservant les investissements existants.”

Rudd essuie les foudres de la filière solaire

De son côté, l’industrie solaire britannique a réagi violemment à cette annonce du gouvernement, l’accusant de vouloir “punir une technologie pour la simple raison qu’elle est moins chère, plus efficace et plus populaire que prévu”. Selon l’Association Professionnelle du Solaire au Royaume-Uni (STA), le solaire photovoltaïque représente à peine 6 % des fonds versés dans le cadre du système de ROC. STA a précédemment proposé une coopération avec le Ministère de l’Énergie pour rendre le modèle du feed-in-tariff plus efficace et plus pertinent pour les dépenses publiques. Le STA a notamment déclaré à la BBC mercredi que ces coupes budgétaires “auront un impact majeur sur l’industrie solaire au Royaume-Uni”, après avoir été l’un des marchés photovoltaïques les plus dynamiques en Europe l’année dernière et avoir connu une croissance rapide cette année.

Selon le STA, “Le système du ROC coûte environ trois livres par an sur des factures énergétiques des consommateurs – c’est une un montant ridicule quand vous le comparez avec d’autres types d’énergie, comme nucléaire par exemple”.

 

Aller plus loin (en anglais)

BBC

PV magazine

Ministère de l’Énergie britannique